A LA RENCONTRE DE " RED TINKU "

Nous commençons ce mois de juin par un passage à COCHABAMBA à 400 km au sud-Est de LA PAZ. Aux abords de la ville, nous remarquons, ici plus qu'ailleurs, de très nombreuses inscriptions faisant l'éloge d'Evo MORALES.   Natif de URURO, une ville un peu plus au sud-ouest,  il est connu ici pour son engagement en tant que president du syndicat des cocaleros (producteur de coca de la region  du Chaparé), et très soutenu pour sa politique actuelle de renationalisation à la presidence du gouvernement.
Comme à notre habitude, une fois arrivé au terminal, nous cherchons l'hotel le plus proche recommandé par le "routard", dont les estimations en terme de tarif et de confort, sont de plus en plus loin de la réalité !!.. ..                        Pas grave,  nous changerons d'etablissement si necessaire,  l'important étant de mettre nos affaires en  securité, avant d'aller traîner nos godasses et de nous dégourdir apres 7h passés dans ce bus. 

Venant de LA PAZ, COCHABAMBA, 3eme ville de Bolivie avec ses 850 000 habitants,  nous semble être un village !!! Une circulation à première vue moins dense, donc moins de bruit, et une déambulation beaucoup plus facile dans des rues  enfin plates !!.
Nous arrivons très rapidement à hauteur d' une magnifique place qu'on croit être le coeur du centre-ville, mais nous en traverserons finalement trois autres, aussi grandes et aussi belles, généreusement ombragées d'eucalyptus et de palmiers et agencées de nombreux bancs d'où l'on peut observer tranquillement la population, ou simplement farnienter.

Notre attention se portera sur celle dite du "14 sept" où il n'est nullement possible de siester, tant l'activité y est débordante et bruyante.  Sur cette place,  en 2000,  se produisit la "guera de la agua" ( guerre de l'eau) un soulèvement populaire,  qui tourna très vite en une véritable guerre civile,  suite à la tentative de privatisation de l'eau par SUEZ. Les manifestations sont violemment reprimées et la police,  obeissante aux ordres du prefet REYES, (toujours en place aujourd'hui), tire sur la population,  faisant plusieurs blessés graves et une vingtaine de morts. Durant un mois, c'est la grève générale,  aucune activité économique à Cochabamba.  A  l'issue du conflit, La lutte est gagnée,  Suez récupère ses billes, il n'y aura pas de privatisation,  ni ici,  ni ailleurs...
Ainsi ce lieu est resté celui des manifestations, des resistances en tous genres et des débats politiques quotidiens.

Imaginez ( pour les Aveyronnais) 365 jours par an,  une "mouline" d'une centaine de personne,  discutant haut et fort sur " la place des armes " à RODEZ !!!...... ben c'est à peut près ça !!!

Nous retrouvons sur cette place RED TINKU qui signifie " reseaux d'échanges interculturels" en quechua, ( idiome indigène) dont nous avions pris connaissance il y a quelques semaines sur internet. Il s'agit d'un mouvement militant libertaire et auto-géré qui,  bien qu'independant de tout parti,  soutient la politique d'Evo MORALES concernant la défense des indigènes,  de leur droit et de leur patrimoine culturel.
Ils sont donc quelques  jeunes de l'organisation  á requisitionner  une partie de la place,  chaque jour ( y compris le dimanche) depuis huit ans !!!. ..
Ici, la mission de RED TINKU consiste à informer la population de ce qui se passe politiquement ou culturellement en Amerique Latine,  en BOLIVIE et plus particulièrement dans la region de COCHABAMBA,  par le moyen d' un panneau d'information,  sur lequel sont affichés chaque jour les articles de presse.  A la lecture, s'echappent volontiers de pertinents commentaires qui finissent toujours en débats houleux et passionnés !!
Actuellement, les journaux traitent de trois sujets particulièrement brulants:

_ le vote autonomiste: Un vote illégitime et illégal, organisé par les dirigeants des quatres regions les plus riches qu'on appelle " media luna" ( demi-lune) PANDO, BENI, SANTA CRUZ et TARIJA..

Pour la petite histoire, il faut savoir que dans ces provinces se sont installés, après la seconde guerre mondiale, des membres d' USTACHA, un mouvement de fascistes croates,  condamné par plusieurs tribunaux internationnaux pour "crime contre l'humanité". Aujourd'hui,  leurs descendants sont devenus pour beaucoup d'entre eux de riches proprietaires d'exploitations forestières et de surfaces gigantesques (latifundias) utilisées partiellement à l'élevage et à la production entre autre de soja  et  sucre destinée à l'exportation.

Ils ont,  par ce vote,  l'objectif très précis d'accrediter une politique d'autonomie  refusant toute mixité avec la population indigène, afin de s'assurer de façon irrémediable,  la propriété des rentes de leurs exploitations.           Pour cela,  il faut mettre en péril l'unité nationale du pays, (cheval de bataille du gouvernement actuel),  afin de destabiliser la politique d'Evo MORALES,  qui,  justement,  projette de restituer les surfaces cultivables et non utilisées de ces regions aux paysans sans terres.  On peut imaginer sans paranoïa aucune, que cette tentative de renversement politique soit fortement appuyée par les Americains. 

La presse internationnale ne semble pas s'en faire l'echo, pas plus qu'elle ne parle des nombreux actes violents et racistes dont furent victimes une cinquantaine de campesinos indigènes à SUCRE au cours de manifestations pro- autonomistes durant ces dernières semaines.
Incroyable, nous apprenons aussi le retour du Ku-Klux-Klan à SANTA CRUZ.

-Le prefet de COCHABAMBA, Manfred REYES, appartenant au parti de droite
"podemos", responsable des exactions sur les manifestants durant "  la guera de la agua" et aujourd'hui accusé de corruption .  La population exige sa demission et RED TINKU fait circuler une pétition qui aurait déjà recueilli plusieurs milliers de signatures.  Quand je dis signature,  il ne s'agit pas d'une croix sur un bout de papier ! ,   ici,  le pétitionaire laisse sur un registre ( grand cahier) la description complète de son état civil et les empreintes de deux doigts !! rien qu'ça !!...

-Le "vote revocatorio" , qui aura lieu au mois d'aout cette année.
Dans la nouvelle constitution bolivienne, instaurée par E. Morales,  le peuple peut,  à mi-mandat et par ce vote,  juger de la bonne conformité de la politique du gouvernement avec le programme annoncé initialement. En cas d'echec, c'est le president et tous les prefets qui sautent !  Il semblerait qu'Evo et l'ensemble des dirigeants appartenant au M.A.S  soient relativement bien soutenu et que l'issue du vote leur soit favorable.

Une remise à plat d'un système gouvernemental qui pourrait, en France, ejecter Sarko $ cie avant échéance...  ça laisse rêveur !!!!   

Voici pour le travail d'information de  RED TINKU qui,  pour couvrir les frais de fonctionnement ( achat de journaux), vend aussi quelques documents,  livres et dvd.
Parallèlement à ces activités sur la place,  sont proposés aussi des soutiens scolaires  ( pas encore tout à fait au point !!)  et l'accès gratuit à une modeste bibliothèque dans leur centre culturel appelé "LA TINKUNA".  Ce lieu, un peu à l'exterieur de la ville,  comprend également un dortoir pour accueillir les volontaires étrangers de passage à COCHABAMBA.  Nous y rencontrerons,  de nombreuses nationalités,  Argentins,  Chiliens,  Equatoriens,  Suedois et Bretons !!!  Tous ne sont pas ici pour militer,  mais les échanges n'en sont pas pour autant moins enrichissants et moins amicaux.

Lors de notre deuxième visite sur la place, nous faisons la connaissance de  Ramiro,  qui nous presente RED TINKU comme une organisation serieusement implanté dans la vie citoyenne des "COCHABAMBINOS" et nous confirme un fonctionnement parfaitement horizontale.
" Que bueno !!!  "  comme ils disent ici,  c'est très exactement ce qui nous interresse.  Après  l'historique de la place, que nous vous avons précedemment expliqué,  Ramiro nous établit un emploi du temps pour les 3 ou 4 jours à venir.
Il y a justement beaucoup de travail,  car ce vendredi soir,  c'est la fameuse fête mensuelle à la "TINKUNA".                   Elle débutera par un cérémonial,  autour d'un feu,  sur le terre-plein devant la porte du centre !!!..  Il s'agit de faire honneur à la PACHAMAMA,  qui,   en contre partie de quelques offrandes,  donnerait à chacun la force de lutter et de convaincre. Ensuite dans les locaux,  c'est à coup de "CHICHA" ( boisson alcoolisée à base de maïs) qu'ils finiront de se convaincre les uns les autres !!.......Une beuvr'rie à la Bolivienne...sans modération !!!

Ainsi donc, avec Ramiro et d'autres volontaires,  nous passons deux aprés-midi á propager l'evènement,  par la distribution de tracts et par l'affichage sauvage dans les universités et les rues les plus frequentées autour de la place.  Ces trois jours en compagnie de Ramiro, nous revèle en définitif,  la non-horizontalité de l'organisation. En effet,  il semble decider de tout,  tout seul,  et de gérer les autres membres,  comme un patron gére ses employés. Fonctionnement totalement pyramidal qui mettrait en péril l'organisation s'il ne travaillait pas avec des volontaires  de passage et avec une petite poignée de jeunes boliviens  qui ne manifestent pas leur mecontentement . Ramiro s'occupe du découpage  des articles sur lesquels il inscrit ses propres commentaires !, de la mise en page des affiches et tracts, de l'animation des débats autour du panneau et méme des courses pour la fête !!  Surpris par tant d'activités pour un seul homme,  nous lui suggerons de déleguer un peu plus.  A cette proposition il repond qu'il le ferait s'il était entouré de gens suffisamment responsables...                                                                                                               

AH!! BON ? ... ben nous on voyait pas vraiment les choses comme ça !! .. 

Plus genant, il gère seul les comptes,   pour lesquels on pourrait regretter un certain manque de transparence,  et applique aux volontaires logés à la "TINKUNA" des tarifs d'hebergement tout à fait variables..!!  à la gueule du client comme on dit chez nous !!!

Au lendemain de la fête,  suite à un  "incident" regrettable qui illustrera definitivement une absolue incohérence entre les propos et les actes de Ramiro,  nous préferons quitter les lieux laissant vaines nos tentatives d'explications. 
Nous ne mettons pas en doute l'efficacité et la necessité de RED TINKU qui fait un travail remarquable depuis huit années de présence sur la place,  montrant que si tout est long, bien des choses sont néanmoins possibles.                        Si le fond est absolument positif,  il est tout à fait dommageable que la forme ne soit pas plus "soignée",  car nous pensons qu'elle constitue un frein au developement de ses actions citoyennes.  Mettons dans tout ça des initiatives un peu plus diversifiées,  des responsabilités mieux reparties,  le tout dans un système un peu plus consensuel et le tour est joué !!
manque presque rien, ........juste l'essentiel !

CELINE &DANIEL ................................................le 20.06 de PUNATA

Comments

[tritom]

hey..
on est ravie de decouvrir votre blog.. les photos mettent le smile...
bon on a pas mal de lecture a faire pour etre a jour mais on attends qd mm av impatience de voir vos prochaines histoires.. de vilcabamba et autres superbes ville del ecuador...
Nous somme a chachapoyas... apres un chaufeur bourree (zubma) stop en camion de poulets, (San Ingacio) un tunnel ecroulee (pedro Ruiz) et 4h de maarche a pied (pr arrivvee ici) on a reussi a attenidre notre but, a croire qu il fallait po venir...
Mais bon on avance..

big bises a vous deux
triune y thomas

[rainer]

que tu nous racontes avec tant de

[bubugue]

ma réaction qui commence à : "franchement de bubugue..." et fini à "bises
bruno" est entré en collision avec celui de : "é bé voilà..." qui est jé sé pas qui, mé ki pansait pareil que comme mézigue avé sept heure tardiv.....

[bubugue]

é bé voilà, bous êtes partis ox origins de la rebolution.
& chèz nous sè lé sarkozy ky fai cé qui veux.
les syndicats sont por las nécociations y fons des manifestations non solidarias.
Il popuplo : s'en fout.
revenezzzzzzzz
avec la machina infernala para acer la revolution sin carne ....








franchement de bubugue a para vos otros aventurieros amigos restez ou vous êtes et faites nous une place, parce que comme c'est barré à défaut de clone du sarko nico, on aura forcément du pire et pas forcément d'où je peux le croire...

Faites yech, entre français, oc et espagnol... je sabi paï commo se dice : con Annie vamos actualiser para todos el repertòri de retracha atal coma vòstre comentari...

bises
bruno