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LA PEQUENA Y EL ALTO
LA PEQUENA Y EL ALTO
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9 juillet 2008

"LES INFIDELITÉS DE DANIEL" ou "LES ROUTES LES PLUS DANGEREUSES NE SONT PAS LÀ OÙ L'ON CROIT !!"

7h15, le reveil nous sort du lit, dans cette chambre glaciale de l’hôtel “Pachamama” à SUCRÉ. Nous avions vite oublié que sur ce continent,  c'est l’hiver… Ici, 15º à 18º dans la journée et 4º à 6º la nuit.  Aujourdh’hui, départ pour 3 ou 4 jours dans la region de JALQ’A où vit la communauté indigène du même nom ( au Nord-Ouest de SUCRÉ).

Un peu avant 9h nous voilà dans une sorte de terrain vague, sur les hauteurs de la ville, près à embarquer. Au programme, nous descendrons à CHATAQUILA pour finir à pied par le “ camino prehispánico” (chemin préhispanique), 3h de marche tranquille jusqu’à CHAUNACA où nous passerons la nuit.

Le bus, lui,  poursuit jusqu’à POTOLO , et, étant le seul dans la journée, à assurer cette correspondance, les voyageurs sont nombreux. De faite nous n’avons pas de place assise, Daniel se tiendra près de la porte sur le marche- pied et moi, au milieu, dans l’allée centrale.

Il se passera bien une heure avant que chacun trouve son emplacement reservé ou à défaut, un coin pour s’asseoir entre les sièges. Voyageurs jeunes et vieux  tout le monde s’empile, s’entasse au fond du bus.  Au final nous ne sommes pas loin du double de personnes autorisées probablement une bonne soixantaine et des tonnes de bagages ( sacs de denrées, ballots) dedans et dessus !.

Mais ici, on ne s'embarrasse pas avec les normes de sécurité, un billet dans la poche de l’agent chargé du contrôle, et nous voilà partis. Daniel, toujours sur le marche-pied et rejoint par cinq autres passagères, prend soin de fermer la porte avec un bout de ficelle prévu à cette effet!. Quant à moi, pas moyen de bouger hormis quelques orteils et les bras qu’il faut maintenir en l’air pour s’accrocher dans les virages... Pour nous il s’agit de 2h à tout casser, pour les autres le double, alors, prenons notre mal en patience.

Tres vite nous sortons de la banlieue de SUCRÉ  et le paysage semble déjà assez beau, en tout cas pour ce que j’arrive à en voir quand je peux me baisser!... ½ heure que nous roulons et c’est déjà fatiguant, mon dos souffre d’une posture bancale que je n' peux corriger, les pieds s’engourdissent et les bras n’apprecient guère de rester à la verticale ! Daniel que j’apperçois de loin, sourit comme à son habitude et semble plus à son aise. Je regrette de ne pas me trouver près de lui.

Au depart du bus, comme à chaque fois que nous voyageons dans des conditions un peu ou très limite,  j’ai cette pensée

- et si on a un accident,…. comment on sort de la d’dans ?

Ben voilà, c’est celui qui dit qui y’est ! .........Le bus, à une vitesse heureusement trés reduite, voulant éviter un tas de gravat sur le bord de la piste à gauche, se prend un “nid de poule” un peu profond à droite, et là,  la surcharge aidant,  nous nous couchons sur le coté, coté porte, coté Daniel ¡!!.......

A ce moment, je me retrouve coincée, entre, en dessous deux vieils hommes comprimés contre la fenêtre et, sur moi, trois autres personnes qui sortiront assez rapidemment par les autres fenêtres au dessus de nos têtes. La panique gagne, beaucoup de cris de femmes et d’enfants se font entendre, malgre les appels au calme. Tout naturellement,  les premiers sortis aident les autres si bien qu’en vingt minutes tout le monde et tous les bagages sont évacués.

Il m’a fallu quelques instants avant de réaliser la place de Daniel au moment de la chute, tellement préoccupée par les deux vieillards qui me semblent très secoués. L’angoisse me saisit, je l’appelle, on me dit que ça va, lui aussi donne la main. Dans le choc, la vitre le séparant de la cabine du chauffeur s’est brisée ce qui lui permit de se glisser hors du bus, après tout de même trois ou quatre minutes d’immobilisation totale, et pour cause, une dizaine de boliviennes en avaient profité pour se jetter sur lui.. (m’a-t-il dit) !.

Parmi elles Louisa 80 ans, qui refuse de sortir sans son precieux bâton lui servant de canne, sa fille Lucia 60 ans, veuve depuis quelques années, aurait bien saisi l'occasion d'un seconde jeunesse!, et enfin la petite fille Francia 25 ans, qui elle, heureux hasard,  se trouve être la première à tomber dans ses bras !!! ( ben voyons !! faudrait pas s'gêner !!) .

Finalement rien de grave, quelques hématomes et blessures superficielles. Une femme se plaint de douleurs à l'epaule, je me propose de lui passer un peu d'huile d'Arnica. En dix minutes une file d'attente s'organise derrière moi,  et chacune me confie son p'tit bobo du jour ou de veille, parfois juste pour le reconfort.

Les hommes, eux,  s'affairent autour du bus qu'il faut redresser pour eventuellement reprendre la route. Tiré par deux camions de passage, il sera remis sur roues, mais,  le moteur désamorcé, ne repartira pas.

Et pis, c'est pas tout ça, mais les esprits se remettant  il commence à faire faim. Chacun sort de son ballot les gamelles de riz, de moté (maïs cuit) de patates et pour les plus riches un bout de viande. Louisa nous fait signe, nous sommes invités à rejoindre sa "descendance" pour casser la  croute. Pommes de terres à volonté,  pour pas dire à s'étouffer !!, et morceaux choisis de poulet. Le danger et la peur étant maintenant écartés, nous retrouvons notre mamy souriante et même espiègle, s'amusant de nos grands yeux quand elle nous parle en Quechua ( "patois" des campesinos). Francia, plus jeune,  assure la traduction, on raconte nos familles respectives, et la façon d'on on vit les uns très différemment des autres.

Nous attendrons près de 4h avant de pouvoir repartir, et decidons, l'heure étant trop tardive, d'aller directement à CHAUNACA et de reporter à un autre jour la descente de notre chemin préhispanique ( voir album photo). Nous voilà en nombre raisonnable dans ce nouveau bus, car beaucoup de passagers ont poursuivi leur voyage à bord des camions- bétaillères, qui circulent pas mal sur cette route et, étant moins cher que le bus, sont géneralement plein à craquer. Du coup, l'ambiance est assez sereine et notre mésaventure commune invite volontiers à la conversation.  En réalité, la curiosité des boliviens prenant le dessus sur la notre, nous passerons un peu plus d'une heure à repondre à leurs nombreuses questions. Comment c'est la France ?, on boit pas de chicha !?!? , quels sont les salaires ? etc....

Nous amorçons la descente dans une merveilleuse vallée au pied de cette partie de la cordillère appelée "Frailes". Quelques cultures éparses sur les pentes et en plus grand nombre de chaque coté d'un large "rio" (rivière) qui, à cette epoque peut se traverser à pied. Du point de vue de la route, nous nous retrouvons ni plus ni moins sur une autre "caretera de la muerte", une chance que nous soyons tombés une heure plus tôt.

                                                     Daniel & Celine,  le 09.07.08 de POTOSI

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Commentaires
P
Caramba! En voilà une histoire de fou! Content de vous savoir en bonne santé après cette galipète de première catégorie! Prenez bien soin de vous..<br /> Pierre, desde Suiza..
A
Merci à tous les deux de nous faire vivre des moments pareils ;o)<br /> Le regret de ne pas avoir été présente lors de la soirée pour saluer votre départ s'estompe peu à peu en lisant ces lignes...je ne mettrais pas "quelques lignes" car je vois que pour écrire vous êtes drôlement prolifiques mais je soupçonne Céline d'être "l'auteuse" de tous ces messages, isn't it ?<br /> Continuez à nous faire voyager et sachez bien que nous pensons à vous.<br /> Bises<br /> Evelyne
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